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CARIANE

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CARIANE
3 décembre 2008

Bidonville

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17 novembre 2008

12 novembre 2008

Au secours, "Caryane centra" agonise!

Le mythique bidonville des Carrières centrales est dans l'œil de la spéculation foncière, pour se voir menacé de dispersion aux quatre coins de Casablanca. Lahrawyne Admettre que l'aménagement urbain doive davantage tenir compte de la réalité sociale, en général, et des spécifités bidonvilloises, en particulier, relève du bon sens et emporte facilement l'adhésion morale, pour être en droit d'interpeller la volonté politique. Expression de la société civile, la "participation citoyenne" s'est imposée comme le concept universel de conduite de projets sociaux dans les programmes de développement durable, tel que le VSB*, voire l'INDH*. En témoigne la déclaration du Millénaire visant "l'amélioration des conditions de vie de 100 millions de bidonvillois" de l'ONU-Habitat, au dernier Forum Urbain Mondial. En effet, tant qu'on n'aura pas traité la problématique bidonvilloise dans sa proximité à l'emploi industriel, au travail artisanal, aux occupations marchandes, au transport d'accès à l'urbanité, aux besoins des ménages et au bien-être des foyers, on n'aurait fait que transférer les crises sociales de l'ancien bidonville vers de nouveaux "bétonvilles", où les conditions des "petites gens" seraient autrement plus précaires dans leurs maisons que dans leurs baraques. Constats et analyses prouvent d'ailleurs, que la transposition d'un milieu "in-vivo" en équilibre inclusif, à un espace "ex-vivo" en recomposition, était et serait toujours dramatique. De même qu'une intégration volontariste à un espace marginal et dépendant serait loin de valoir la fusion spontanée dans un milieu centré et autonome, un appartement serait trop cher payé, matériellement et affectivement, par une insertion socio-économique aléatoire. De la simple consultation d'agrément (top down) à l'implication responsable (bottum-up), de la MOS* à l'accompagnement social et de l'Empowerment* au Opbouwwek*, cette dynamique alternative d'ingénierie sociale promeut, plus ou moins, la dimension socio-spatiale en rapport avec la dimension techno-spatiale, infléchissant les normes des standards urbanistiques vers plus de viabilité que de performance. Hors de la "participation citoyenne", comment compte-on dialoguer avec des locuteurs légitimes revendiquant un habitat social dans leur propre commune, équipée d'infrastructures communes et de services publiques, développant son environnement, fondant leurs référents identitaires et encadrant leur mixité solidaire? Pratiquement, la finalité serait de promouvoir un partenariat local concerté en toute transparence, dans le cadre d'un dialogue social confiant, entre les délégués communautaires, les activistes associatifs, les militants d'ONG, les décideurs institutionnels, les aménageurs professionnels et autres acteurs du développement, en vue de mobiliser compétences et ressources nécessaires à l'édification d'un projet résidentiel pour le "plus grand nombre". Dans une vision "glocale" d'en bas en haut, le projet doit s'articuler à l'aménagement territorial de Casablanca, à travers le nouveau SDAU*, comme contribution au renforcement de la notion de ville durable, de sa capacité productive et de son aptitude d'intégration, propre à réduire les écarts de viabilisation inter-quartiers, à consolider les avantages compétitifs et à émuler les atouts créatifs. Aussi prometteur et cautionné qu'il soit, faudrait-il encore qu'un projet aussi ambitieux puisse être considéré "hors marché" foncier et immobilier, pour espérer échapper aux convoitises spéculatives, aux enjeux clientélistes et aux manigances véreuses. Pour n'être pas un bidonville ordinaire, le traitement du Caryane mérite bien des égards. Si son démantèlement advienne, il faut préalablement qu'il soit réhabilité à réintégrer sa "centralité" historique du Hay Mohammedi, dont il est le père géniteur, à le faire indemnisé pour tord communautaire, à se réapproprier sa mémoire collective séculaire et à valoriser un fonds anthropologique digne de figurer dans le Patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO. Faut-il rappeler que, depuis le premier camp de travaux "archi-tramé" du colonat, installé "manu militari" en 1907, jusqu'à l'habitat vernaculaire actuel, il a acquis le "droit de cité" d'être toujours intégré aux plans urbains successifs de Casablanca, comme composante ouvrière majeure de son identité emblématique. N'en déplaise aux icônoclastes, c'est là que, dans un processus génératif initial, l’interaction de l'ancien génotype ethno-rural avec le biotope industriel environnant fonda le nouveau phénotype ouvrier rurbain, pour que Caryane en devienne l'icône allégorique, et : - l'archétype bidonvillois, reconnu "académiquement" par la Francophonie comme le patronyme industriel originel. - le socle travailliste du syndicalisme marocain et la cheville ouvrière de la "tiers-zone" industrielle casablancaise. - le bastion de la résistance nationaliste, symbolisée en la personne du regretté Mohamed V, "Sultan du Caryane". - le creuset de fonds ethno-culturels, dont le "melting-pot" est célébré magistralement par le pop'art "Ghywani". - le berceau d'une "diaspora" méritante, forçant le respect pour avoir bravé toute exclusive et relevé tant de défis. Au crépuscule d'un destin de "roc marqué aux fers", à la fois tragique et fabuleux, Caryane trouvera encore la facétie pour confondre éradicateurs enragés et promo-bétonneurs. Servant le Hay d'un "cœur flamboyant", de son vivant à sa mort, il renaîtra de ses cendres en "poumon verdoyant", pour que l'ex-bidonvillois ne souffre plus jamais, ni le "syndrome paradoxal", ni le martyre de la "hogra". ----------------------------------------------- •VSB* : Villes Sans Bidonvilles •INDH* : Initiative Nationale de Développement Humain •MOS* : Maîtrise d'œuvre Sociale •Empowerment* : Habilitation •Opbouwwek* : Travail social de construction •SDAU* : Schéma Directeur de l'Aménagement Urbain
12 novembre 2008

Bidonvilles de Sidi Moumen, à Casablanca

7 janvier 2008

le camp de travaux "archi-tramé"

QG_Drude1 La baraque Q.G. du Gl Drude en 1907 Certes, Casablanca n'eut pas de modèle endogène de citadinité moyen-âgeuse, aussi prestigieux que Fès ou Marrakech, mais l'embryon archaïque de la Casbah n'en était pas moins traditionnel. Il fut facilement phagocyté par un modèle exogène d'urbanité moderne dominant, dont l'une des premières symboliques fut la baraque, aussi primitive soit-elle. Le général Drude ne lui exprima-t-il pas l'hommage dû à un habitat humain? Au débarquement de 1907, le Commandant des troupes d'occupation française, prédécesseur du général Lyautey, n'installa-t-il pas son Q.G. de conquérant dans une baraque? Certes, elle n'eut que le nom à partager avec une bicoque ordinaire de l'actuel Cariane, mais elle fut, sinon le modèle, du moins l'aïeule de toutes les baraques des Carianes du Maroc. Imposante de taille, avec son toit en ados couvert de zing et ses larges marches accédant à une vaste terrasse, elle rappelait les cabanes des pionniers du Far-West, le rocking-chair et la guitare en moins. Installée dans le petit square attenant au Théâtre municipal, elle devint l'Office postal militaire, puis par la suite la première Ecole des Beaux Arts. Là où ils vont, explorateurs et colons s'installèrent dans des tentes militaires, faciles à transporter, puis construisirent des cabanes en bois dans un territoire pacifié. En 1910, le bois fut un matériau rare et cher, pour que deux importateurs ouvrirent un comptoir de matériaux de construction au port et firent fortune d'un standard "made in France", dont s'inspirèrent les premiers hangars des fabriques. Loin de l'image qu'on se fit, le bidonville ne fut donc pas à sa naissance, un amas d'habitats auto-montés et chaotiques, partant dans tous les sens. Comme la baraque n'était pas faite de tout venant, d'un peu de tout et beaucoup de n'importe quoi, dans un cocktail "méli-mélo" de matériaux disparates, plaqués sur un substrat en bois. Après son installation comme camp de travaux sous tentes, le nouveau baraquement était réservé à l'encadrement européen avant d'être cédé aux "zoufria" du Cariane. Il fut architecturé sommairement certes, mais en secteur urbanisable, suivant la "trame Schneider", reprise par l'urbaniste en chef Michel Écochard qu'il relata en ces termes, dans son livre "Casablanca, le roman d'une ville" : “On numérote les baraques, on crée des rues centrales et des transversales qui coupent des blocs réguliers.” Mais ce qu'il ne disait pas, c'est qu'outre l'assainissement, sa conception se soucia de considérations d'intimité sociale. Ainsi, les enclos de baraques furent accolés par leur long côté, de façon que deux habitats voisins soient séparés par une cour. De même que les rangées de baraques, tracées à la règle en lignes jumelles et s'ouvrant sur une ruelle de 2 m. de large, furent séparées au verso, par une venelle mitoyenne d'un mètre de large, auquel on accéda par une bouche d'aération basse… pour y planter la menthe. Attribués par tribu, les blocs de baraques furent structurés autour d’une placette centrale et théâtre des veillées folkloriques quotidiennes, à laquelle aboutirent tous les passages. Forte de cette "centralité" urbanistique, la trame Schneider appliquée au Cariane centra, fut reprise pour Cariane "jdid" (nouveau), lors du recasement des bidonvilles de la ceinture côtière industrielle. (voir "L'Archétype bidonvillois", Al Bayane du 3 juillet 2007). Ba Mahjoub, simple menuisier depuis toujours, végéta longtemps dans sa petite échoppe, pour s'aigrir un peu à répéter sans cesse, “avoir eu une commande de 17 baraques à monter, en une seule journée, mais ne put en réaliser que 3, avec l'aide d'un apprenti.” Malgré un montage rudimentaire et laborieux sur terrain nu, il tint à fabriquer des baraques de bonne facture, dans le respect d'un savoir-faire qui se perd, suivant un process "fait main de tout bois" normalisé par son initiateur français. Dans son schéma minimaliste, la baraque standard de Schneider, qui ne manqua pas d'ergonomie, se présenta de l'extérieur, en enclos rectangulaire de 5 m. sur 4 m. et de 2,5 m. de hauteur, alors que les 20 m2 de l'habitacle furent agencés en 4 espaces distincts. Pour y avoir vécu mon enfance dans une baraque "standad", je me rappelai, que dès l'entrée principale, située dans le tiers gauche de l'enclos, on accéda par une cour de servitudes, à ciel ouvert et arbuste au centre, soit à l'intérieur de la baraque, soit à la "cochina" (cuisine) ou encore à la "cabina" (toilettes), toutes situées à droite. Forme cubique fermée par une porte large pour une personne et placée à l'angle droit et au fonds de l'enclos, la baraque proprement dite, mesura 4 m. de long sur 2,5 m. de large et 2,7 m. de haut, dont un toit en ados de 70 cm, protégé par du papier goudronné contre les infiltrations de la pluie. Casée en fonds de cour, la "cochina" était un espace abrité dédié au rangement d'objets et aux travaux domestiques (four à cuisson, jarre d'eau, métiers de travaux…). Ce fut là que mon défunt père tria ses "balles" de fripes américaines. Vocable espagnol comme cochina, "cabina" étaient des latrines occupant à droite de l'entrée principale, le mètre restant entre la baraque et l'enclos, courant sur toute la largeur de la baraque. Cet isoloir couvert par un semblant de tenture, se réduit simplement à un grand trou du genre "matmora", s'ouvrant par un petit trou bouché par une large pierre, mais suffisait à notre aisance et à l'assainissement de la maisonnée. Quand un artiste mal blanchi, fils d'un manœuvre "cariani" de surcroît, clama : “Je ne discute pas avec quelqu'un qui fait ses besoins dans un bidon”, il oublia que ces "toilettes" n'étaient creusées et vidées que par des "hartani" de son espèce! Pour Casablanca, la dynamique d’investissement des deux entre-guerres, appel et fuite de capitaux aidant, a généré une forte croissance, investie dans l’édification d’une importante infrastructure de base, dépassant celles de Marseille et de Paris réunies, à la même époque. A l'installation de Cariane jdid en 1938 sur 17 ha, une forte demande en baraque "clé en main" se manifesta, faisant de la location des baraques un business juteux, attisant la convoitise des compradores* du terroir et poussant de gros commerçants de "Derb Omar" à y prendre pied. La densité du Cariane passa très vite en 1925, de 300 baraques à 4.000, dont 200 boutiques et 5 fours à pain. Faisant fi des arrêtés municipaux d'expulsion de 1932 et 38, pour question de salubrité (typhus), le paiement en 1942, d'une taxe municipale de location de 8 frs/baraque, 15 frs/four et 30 frs/boutique, patenta définitivement les bidonvillois dans leur droit. Le riche hobereau qui ouvrit le bal, ne serait-il pas Bouazza ben Taïbi, qui installa pas moins de 2.000 nouvelles baraques en 1949, pour que le site s'appela dorénavant Cariane Bouazza II? Toujours est-il qu'en 1950, une groupie de huit spéculateurs fricota impunément sur 7.669 baraques, ne tardant pas à récupérer les 5.581 relevant encore du statut municipal, en récompense de leur "collaboration". Selon une enquête réalisée par André Adam en 1964, l'hectare de terre "planté" de 500 baraques, de 20 m2 de surface, louée à 100 frs/mois, rapportait 600.000 frs, soit presque 15 fois plus que semé en orge à 16 qx/ha et à 2.600 frs/ql. Grâce à ce trafic, les Bouazza, Khlifa "Lakraâ", El Bachir…, joyeux drilles grivois, pavanèrent avec leurs acolytes Ouled Lakhiri, Ouled Harress, Berrad, Ben Amar…, dans leurs limousines américaines, en compagnie de courtisanes juives. Convives assidus avec Abdelkrim Ben M’Sik, aux "ksayr" (soirées) sous tente caïdale de Smaïl Cherradi, dans sa "aârsa" (jardin) de Bab Marrakech, ils fredonnèrent aux chants de la grande cheikha Arjounia, accompagnée des jeunes Kebbou et Bouchaïb Bidaoui, portant leur échos, au delà des remparts, jusqu'au bidonville de Derb Taliane.
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11 décembre 2007

Mémoire de pierres ou d'hommes?

Decau_1 Le petit train Ducauville, dit "Beybir" Il est incontestable, que le terme "bidonville" français est d'origine casablancaise. Fut-il canonisé par l'Académie française en 1920, à la place du "gadoueville" français, sur la base du rapport d'un architecte du projet de construction du quartier des Habous? Eût-elle donc traduit "bidonnage" par truquage, "bidonner" par faire rire, "se bidonner" par se maquiller et "bidonnant" par très amusant? N'a-t-il été usité qu'à partir de la crise mondiale des années 1930, sur la foi d'un journaliste français anonyme? Etait-ce Pierre Lhande de L’Illustration de Paris, qui écrivait dans son article, "L’urbanisme en boîtes de conserves" du 11 novembre 1933 : “le gourbi est fait à la diable, avec un ramassis de boîtes et de bidons aplatis, de vielles tôles ondulées, de volets cloués, mais la haie vive est émondée et la palissade est sûre…” Serait-ce le premier reportage sur un bidonville? En fin de compte, c'est le journaliste R. Gauthier du journal Le Monde, qui lança le néolo-gisme "bidonville", dans son article "Du Maroc", datant du 9 septembre 1953, venu spécialement couvrir les évènements sanglants, conséqutifs à l'assassinat du leader syndicaliste tunisien Ferhat Hachad. Malgré un itinéraire aussi balisé, la date et le lieu de naissance du Cariane prêtent encore à controverse, où thèse et antithèse s'entrechoquent, au plus haut niveau. Moult questions qui embarrassent les alliés d'une "mémoire de pierres", pour vouloir les évacuer au plus vite, exigent que des ralliés à la "mémoire d'hommes" y répondent, auparavant. Tel le boniment prétendant que “c'est dans les années 20, à proximité de la centrale thermique des Roches Noires à Casablanca, qu'apparaissent les premières baraques, construites à partir de matériaux des plus hétéroclites. Les ouvriers du chantier de construction choisiront la proximité d'une carrière, pour implanter leurs logements sommaires”. Autrement dit, pour parler "bidonville" et non "Cariane", devrait-on arrêter le temps jusqu'aux environs de 1924, date de la construction de la dite centrale, pour que les planches des baraques soient bardées de tôles récupérées des usines? On peut chicaner tant qu'on peut à ce sujet, comme sur le poids de "pierre blonde" extraite du Cariane, dans l'édification des monuments du centre-ville et de la zone industrielle d'Aïn Sebâa, mais on ne contestera jamais, que c'est d'ici que partit la grande épopée du chemin de fer marocain et que les bidonvillois furent ses premiers cheminots. A cause de la fumée dégagée par sa chaudière à charbon, le petit train fut surnommé de l'affectif "beybir", par analogie au savoyard à thé fumant. Cahin-caha et teuf-teuf, il traîna ses wagonnets à la queue leu leu, à la joie des gosses accrochés et des badauds attroupés! Jilbido
10 décembre 2007

Le destin de "roc marqué au fer"

Scalera Scalera : 1° cimenterie du Maroc Prélude à une tragédie de plusieurs actes, la Conférence d'Algerisas de 1906 constitua un évènement "charnière" dans l'histoire du Maroc. Imposant au Makhzen, pour le contrôle de la Dette, l'établissement d'une zone franche autour de 8 ports marocains, elle avalisa ainsi les études de génie civil pour l'aménagement du nouveau port de Casablanca, commandées pa le sultan My Abdelaziz en 1905, à Gaston de Caqueray, ancien lieutenant de vaisseau et vice-président de la Compagnie Marocaine. Pour ce, le Vizir Mehdi El Menebhi accorda la même année, la concession d'exploitation des carrières de pierres nécessaires à la mise en œuvre du projet. Mais le marché ne leur fut accordé officiellement que le 2 mai 1907, au détriment de la Banque de Paris & des Pays-Bas. Pour les besoins de la cause, l'urbaniste Albert Tardiff ébaucha un premier schéma du futur Casablanca, en traçant sommairement un demi-cercle de 10 km de rayon autour d'El M'rissa, petit port rudimentaire de Dar El Beyda, reliant cinq marabouts : Sidi Abderrahmane, Sidi Allal Kerwani, Sidi Belyout et Sidi Abdellah bel Haj, sur sa base et Sidi Mohamed de Derb Milan, au sommet du rayon. Comme stipulé par la Conférence d'Algesiras, le domaine de statut makhzenien relevant dorénavant, d'une tutelle franco-espagnole pour le contrôle de la Dette, fut découpé en trois secteurs : un noyau central autour de la Casbah, dévolu à l'administration et au commerce, couronné par une zone résidentielle et de plaisance du colonat, au Sud-Est vers Jadida et une réserve industrielle et ouvrière, au Nord-Est vers Rabat. Le concept d'urbanisme "concentrique", ainsi initié, fut développé en 1914 par Henri Prost, l'urbaniste officiel du Protectorat, qui élabora en 1915, le 1° plan urbanistique de Casablanca, intégrant les quartiers industriels des Roches Noires, de la Villette, d'Aïn Sebaâ et … des Carrières centrales. C'est là que la Compagnie Marocaine fonda à flanc de coteau, les "Carrières centrales", filiale gérant chantiers de travaux et camps sous-tentes des manœuvres. Entre-temps, fut installée la "Scalera", première cimenterie industrielle du Maroc, au cœur même de la carrière. Débutèrent alors les travaux du port, un 24 mai 1907, par le terrassement d'une plate-forme de 50 m. d'avancée en mer sur 500 m. de largeur de grève, de part et d'autre de la porte d’El M'rissa. De là, fut tirée une voie ferrée de 0,60 mètre d'empattement, pour la petite locomotive Decauville à charbon et wagonnets à déversement latéral. Un premier tronçon partit des "Carrières centrales" jusqu'au port, convoyant sur une dizaine de kms, le ciment et la pierraille nécessaires à la fabrication des cubes de 50 et 100 tonnes, immergés à 12m de profondeur. Il traversa la carrière d'Aïn Maâzi, à un kilomètre du port, au croisement de l'avenue Pasteur et du bd. de la Résistance, à la place de l'actuelle Cour d'Appel. Celle-ci fournit les gros rochers de terrassement, avant d’être envahie par les eaux de la dite-source et délaissée au profit de la nouvelle carrière de Sidi Abderrahmane, à une dizaine de kms au Sud-Est. Et dire que c'est le destin de "roc marqué au fer" du bidonville des "Carrières centrales" de participer aux causes qui entraînèrent les incidents de la "Bataille de Chaouia", en 1907.
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